Capitale du Gansu, Xining est trois fois moins peuplée que Chengdu et pourtant déjà une grande ville. La route pour la rejoindre longe des montagnes plissées, dont le sommet se perd dans les nuages, dans des nuances de rouge, d’orange et de marron, et suit la rivière au fond de la vallée. Encore une fois, la ville est enclavée dans cette large vallée, encadrée par les montagnes rouges. Xining est assez agréable, à cette période de l’année le temps y est beau et la température très supportable, contrairement à Chengdu ; les bâtiments y sont moins hauts, la ville est à taille humaine et il est donc plus facile de s’y retrouver. L’auberge de jeunesse est bizarrement au 16ème étage d’un immeuble, une première dans mon voyage, mais la vue y est incroyable et le personnel anglophone très sympathique. La première journée, visite à pied de la ville et de ses particularités : celle-ci regroupe en effet plusieurs ethnies, notamment les Hui (ethnie musulmane), les Tibétains et les Chinois Han, qui ont chacune leurs propres lieux de culte et se répartissent dans des quartiers différents. Les populations se regroupent ici, seule grande ville d’une province déserte, l’ambiance est donc cosmopolite et très accueillante. Direction donc la grande mosquée, pour changer des éternels monastères visités au long du voyage. Dans le quartier, les longs vêtements et les traditionnels petits chapeaux ronds et blancs remplacent les habits modernes, et les restaurants halals remplacent les restaurants chinois. L’extérieur de la mosquée est magnifique, composé de tours blanches, de coupoles vertes, d’inscriptions en arabe et de décorations en croissant de lune. Les salles de prière de sont pas visitables, mais la cour est ouverte et parsemée de quelques jardins. Les bâtiments intérieurs semblent néanmoins étrangement être sortis de monastères bouddhistes, par leur forme et les matériaux utilisés. Dans d’autres quartiers on trouve des stupas ou des monastères, des marchés d’artisanat tibétains ou Hui ou encore des boutiques purement chinoises et très occidentales. Cette ville est un melting-pot de cultures, de populations, et de religions, mélangeant à la fois modernité et tradition, ouverte sur l’extérieur tout en étant renfermée sur elle-même, et influencée à la fois par la Chine de l’est et par les populations minoritaires en marge. C’est cette diversité et ces paradoxes qui rendent Xining si intéressante.
海湖
Deuxième jour, impossible d’être au Qinghai sans aller jeter un œil au Qinghai Hu, ou Lac du Qinghai, le plus grand de Chine (et aussi sûrement le plus touristique). J’entraîne dans mon excursion un Belge rencontré à l’auberge de jeunesse. Manquant de temps, nous devons nous y rendre et revenir dans la journée, ce qui n’est pas aisé étant donné que le trajet « aller » dure à lui seul 3h. Le lac est situé sur un plateau et la montée en bus malgré les bouchons nous en met plein la vue. Les champs de colza se succèdent aux pieds des montagnes couvertes de prairies, et les cultures y constituent un patchwork de couleurs. Nous nous faisons déposer avant l’entrée principale pour éviter les touristes et les frais, qui sont finalement peu élevés si l’on passe par les portes ouvertes dans les barrières entourant le lac, tenues par des locaux. Le lac est tellement grand qu’il est appelé « mer », et que l’on ne peut apercevoir la rive opposée. Certains des bords sont constitués de prairies, d’autres de marécages, d’autres de sable ou de galets, et d’autres même de dunes. En une après-midi, une seule option, marcher sur la rive et apprécier la vue et la tranquillité de cette zone sans touristes. Dernière nous les montagnes, rocheuses en haut et couvertes d’herbe à mi-pente, puis les champs de colza et les ruches, et devant nous le lac d’un bleu profond, dont l’eau claire laisse voir le fond. La description reste peu parlante face à la beauté à couper le souffle du lieu, parfait pour boucler une dernière journée de voyage. Je nuancerais tout de même mon propos par le coté trop touristique du site : l’entrée hors de prix, les hordes de touristes, principalement chinois, les ballades à yacks ou à cheval sur le bord de « mer », ou encore les restaurants tibétains et chinois qui jalonnent la route. Mais encore une fois, sortir des sentiers battus et aller à l’opposé des circuits classiques s’est avéré payant. Retour à Xining le soir même pour un périple le lendemain qui mérite son propre article.