Après, Langmusi, direction Xiahe, ou le temple de Labrang, au Gansu, que j’avais déjà visité en 2012. Je choisis cet itinéraire pour rejoindre Xining parce qu’il m’évite de passer par Lanzhou, capitale du Gansu et ville qui ne présente pas un grand intérêt. Xiahe devient alors ma porte d’entrée pour le Qinghai, ma destination finale. Sur le trajet, on passe des éternelles collines verdoyantes aux montagnes en terre rougeâtre, un peu plus décharnées, parsemées de buissons. La population change également, des nomades aux sédentaires, et les champs cultivés deviennent plus nombreux que les troupeaux de yacks. Xiahe m’avait marquée lors de mon premier voyage, y rester un jour complet me permettra donc de renouer avec cette ville où la spiritualité se fait particulièrement sentir. Première impression, la partie chinoise de la ville s’est bien modernisée en deux ans. La ville s’est élargie, et compte de nouveaux immeubles, de nouveaux logements. La partie tibétaine au contraire est toujours la même : bâtiments en bois coloré, auberges de jeunesse, échoppes d’artisanat, et restaurants. Cependant les prix ont augmenté, sûrement à cause du nombre croissant de touristes, qui semble avoir doublé en deux ans pour la même période. Le monastère, le plus grand de Chine à l’extérieur du Tibet, appartient à la secte Gelugpa, la secte dite « des bonnets jaunes ». Il est accolé à la ville n’a que peu changé : toujours les mêmes ruelles étroites, les bâtiments monastiques en torchis, les hauts toits dorés, et les moulins de prière le long du mur d’enceinte. Cependant, quelques détails sont à remarquer : une route remplace le chemin en terre qu’empruntaient les pèlerins pour faire le tour du monastère, d’autres sont en construction à l’intérieur même de celui-ci, et des échafaudages se dressent le long de certains halls de prière. Les habitants sont plus nombreux et semblent un peu moins accueillants qu’auparavant. Néanmoins les forêts, la terre rouge, les prairies et les champs fleuris alentour restent, et forment toujours un cadre enchanteur pour la ville monastère et ses quelques 1200 moines. Globalement, malgré la beauté du lieu et la sensation de paix qui y règne, l’atmosphère n’est plus la même. Elle est moins détendue et rend la visite de Xiahe moins agréable et trop superficielle.
Changeons de province et entrons au Qinghai par Tongren. Le trajet depuis Xiahe est très inconfortable, mais comme d’habitude les paysages depuis la fenêtre du bus font oublier les 2h à être bringuebalée sur un chemin non carrossable. En passant un col, à environ 3500 m d’altitude, les passagers du bus lancent par les fenêtres des liasses de papiers couverts de dessins religieux, qui se perdent dans la brume enveloppant le sommet. Je ne peux que supposer que le lieu a une signification spirituelle particulière pour les bouddhistes de la région. La route emprunte des gorges magnifiques, entre des montagnes déchiquetées en terre rougeâtre, au milieu desquelles les maisons de terre se fondent. La vallée dans laquelle se trouve Tongren est très fertile, contrairement aux collines alentour, nues de végétation. Le fond de la vallée est couvert de champs et de vergers le long de la rivière, qui se transforme ensuite en fleuve. La ville est ce que l’on pourrait appeler une « ville chinoise typique », grise, sans distinction, avec beaucoup de circulation et très peuplée. Il faut alors creuser sous la surface pour découvrir les endroits intéressants à visiter. Ne restant qu’un jour et une nuit à Tongren, je n’ai que peu de temps pour trouver ces « perles », mais je connais déjà le but de ma visite : le monastère principal, à la limite de la ville. L’endroit est calme et étendu, ce qui permet de se promener dans les ruelles sans subir la présence de touristes. Le monastère est composé de plusieurs bâtiments religieux et de résidences monastiques, murs blancs, pourpres ou orangés constituant un dédale dans lequel il est difficile de ne pas se perdre. Peu de moines sont présents, et après avoir déambulé un moment je me retrouve sur le chemin de prière, la kora, faisant le tour du monastère en grimpant sur la colline à laquelle il est adossé, ce qui permet d’avoir une vue incroyable sur Tongren et sur la vallée. L’intérêt du monastère, et de la région en général, réside dans le fait que les moines y produisent des tangkas, des peintures religieuses en couleur et très détaillées. On peut en admirer certaines dans les salles de prière, mais en acheter une est un investissement, le plus petit pouvant coûter plusieurs centaines de yuan. Après Tongren, qui m’a finalement peu emballée, direction Xining, capitale du Qinghai et dernière étape du voyage.